Reportage sur le bien être animal au Querruy Sellier
Le bien-être animal au Querruy Sellier
Si nous sommes devenus éleveurs d’herbivores, c’est avant tout par passion mais également pour concilier notre mode de vie avec nos convictions.
Notre priorité à la ferme du Querruy Sellier est de préserver la nature qui nous héberge tout en offrant aux animaux que nous élevons les conditions d’une vie heureuse.
Le bien-être pour tous !
Le bien-être animal ne doit pas s’arrêter au nombre de mètres carrés disponibles par vache où aux conditions de mise à mort. Il ne doit pas être un cache-misère de l’élevage industriel mais doit être pris en compte dans sa globalité.
Dans notre cas, soyons honnêtes, ce que nous cherchons à atteindre à travers le bien-être de nos animaux, c’est notre propre bien-être. Pour nous sentir bien dans notre vie et dans notre travail, nous éprouvons le besoin d’élever des animaux heureux dans une nature préservée.
Quand nous travaillons dans nos champs, voir le Hibou des marais parader, entendre le chant des Avocettes élégantes, surprendre le butinage d’une Echasse blanche dans un marais, suivre le vol frénétique d’un Leste à grand stigma nous procure de la joie. Chaque fois que nous allons voir nos vaches, nous sommes attentifs au comportement de chacune d’elle et quoi de plus satisfaisant que de les trouver couchées dans l’herbe, les yeux mi-clos à ruminer tranquillement tandis que leurs veaux jouent tout autour ?
La recherche des meilleures conditions…
La nature met à notre disposition tous les éléments favorables au bien être animal, si les humains sont souvent trop déconnectés pour s’en rendre compte, cela devient une évidence à l’observation attentive des animaux dans leur milieu .
Il suffit donc pour rendre nos troupeaux d’herbivores heureux, de les élever dans des conditions les plus naturelles possibles.
La préservation des prairies naturelles est donc intimement liée au bien-être des animaux d’élevage. Ainsi, l’herbivore trouvera sur ces prairies toutes les plantes dont il a besoin pour s’alimenter, mais aussi pour se soigner, apaiser ses maux sans même que l’œil averti de l’éleveur ne se rende compte d’un quelconque malaise, et satisfaire ses goûts, tout simplement. Notre rôle est donc de veiller sur ces prairies été comme hiver, et de s’assurer qu’une nourriture diversifiée y abonde pour nos vaches et chevaux.
Pour cela, nous mettons en œuvres plusieurs choses :
Laisser les prés se gorger d’eau l’hiver
Faire du pâturage tournant entre herbivores ruminants (vaches, chèvres, moutons) et herbivores mono-gastriques (chevaux, ânes) afin de limiter le parasitisme. De plus, chacun ayant des goûts différents, ils se compléteront au niveau du pâturage.
Ne donner que de l’herbe à manger à nos herbivores pour éviter tout dérèglement physiologique, même l’hiver, le foin c’est bon !
Changer régulièrement les animaux de prés, pour la nourriture, mais aussi pour leur moral car il ne faut pas oublier que leurs ancêtres étaient des nomades et les herbivores aiment se déplacer.
Mais pas en bétaillère, ça c’est vraiment trop stressant ! Rien de tel qu’une bonne randonnée pour aller d’un pré à l’autre, même si ça embête les voitures, ça amuse les promeneurs !
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Le cas de l’hivernage à l’étable
Les normes en matière d’élevage bovin préconisent la stabulation libre. Après avoir testé cette méthode, nous avons fait le choix de revenir à la technique traditionnelle de l’attache individuelle. C’est le compromis que nous avons jugé le plus pertinent pour le bien être de nos vaches.
Le stress et les blessures étaient le lot quotidien des vaches dominées dans le troupeau. Il aurait fallu couper les cornes de nos vaches pour régler une partie des problèmes.
Mutiler les animaux en leur coupant les cornes comme on coupe la queue et les dents des cochons et le bec des poules sous prétexte de respect des normes du bien être animal. En réalité, la stabulation libre est surtout un avantage pour l’éleveur qui diminue son temps de travail grâce à la mécanisation.
L’attache demande un travail manuel fastidieux mais c’est le choix que nous avons fait pour avoir le maximum d’attention pour chacune. Il faut nous améliorer sur les promenades indispensables au dégourdissement de celles qui en ont le plus besoin : les vieilles, les grandes, qui supportent mal l’immobilité.
Équilibre de la relation homme-animal, tout une histoire !
Tout animal d’élevage est destiné, dans le meilleur des cas, à la consommation humaine : consommation de viande, de lait, de cuir, de laine… Dans le pire des cas, sa dépouille est gaspillée (équarrissage) ou sert à nourrir d’autres animaux d’élevage.
Dans le cas de nos belles maraîchines, elles finiront toutes dans nos assiettes.
Et oui, c’est la réalité !
Nous savons que chaque petit veau que nous voyons naître finira un jour à l’abattoir et alors ?
Cela ne doit pas nous empêcher de l’aimer !
A la ferme du Querruy Sellier, nous veillons à entretenir de bonnes relations avec nos animaux et nous ne nous privons pas d’avoir des relations très affectives avec eux. Cela commence dès leur plus jeune âge, le câlinage des veaux est une activité quotidienne prise très au sérieux à la ferme.
Ce n’est pas parce qu’un animal va finir dans notre assiette que nous ne lui devons pas le plus grand respect. Au contraire même.
Vu le service immense que nous rendent les animaux, nous nous devons de tout mettre en œuvre pour leur rendre la vie agréable et leur apporter de l’affection peut y contribuer.
Les animaux sentent si nous les aimons ou pas et l’affection que nous sommes capables de leur donner contribue largement à leur bien-être psychologique.
Avoir une relation privilégiée avec les animaux d’élevage via des gratouilles ou des caresses, des mots doux, tout cela permet à l’animal de se sentir en confiance avec l’éleveur, jusqu’au jour où ce dernier l’emmènera à l’abattoir, dans le calme et la sérénité, malgré le pincement au cœur.
Nous avons un grand pouvoir sur nos animaux car nous décidons de leur destin, c’est très dur.
Le devoir de chaque éleveur devrait donc être de compenser cette cruelle responsabilité en apportant à l’animal un maximum de douceur tout au long de sa vie.
C’est une lourde responsabilité. Le faire pour se nourrir prend du sens. Si en plus on a le pouvoir de contribuer au bonheur de l’animal que l’on va sacrifier en lui offrant des conditions de vie optimales, alors notre relation à la mort devient plus douce.
En tant qu’éleveurs, nous avons cette chance, alors ne nous privons pas pour offrir un maximum de bien-être et d’affection à nos animaux, ils le méritent !